Conformément
aux décisions issues des deux derniers sommets en date, notamment la COP 19 de
Varsovie et la COP 20 de Lima, les Etats devront présenter au prochain sommet
de Paris, ce qu’il convient d’appeler leurs « Contributions Prévues Déterminées au Niveau National (CPDN) »,
connu sous le vocable anglais Intended
National Determined Contribution. Lors d’une sortie médiatique le 4
septembre 2015, le Gouvernement, par la voix du Ministre de l’Environnement
chargé de la gestion des changements climatiques Théophile Worou, avait
officiellement dressé le tableau des préparatifs du Bénin. L’autorité avait à
cet effet indiqué que le Bénin avait déjà fait acheminer son rapport depuis le
7 août 2015 au Secrétariat Exécutif de la Conférence.
Un document officiel
récapitulant pour l’essentiel les efforts et les engagements futurs au plan
national en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
La soumission dans les délais de ce document,
avant la tenue de la Conférence de Paris, nourrit comme un sentiment de
satisfecit auprès des autorités béninoises qui se vantent d’avoir mobilisé une
double approche participative dans le processus d’élaboration dudit document.
D’abord, une approche nationale qui aura consisté en la mise en place d’un
comité de rédaction composé d’experts indépendants, d’universitaires, de cadres
techniques ainsi que d’autres personnes ressources suffisamment outillés sur
les questions de l’environnement et des changements climatiques. Ensuite, une
autre approche communautaire avait également permis aux officiels béninois de
saisir l’opportunité de plusieurs rencontres organisées dans le cadre de la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du Comité
permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), afin
d’améliorer la qualité du document soumis.
Les thématiques de fond abordées dans ce
document s’articulent autour de la problématique de l’Atténuation et de
l’Adaptation aux changements climatiques ainsi qu’à bien d’autres aspects
transversaux au sujet desquelles les discussions au plan national ont
constamment mobilisé ces derniers mois les membres du Comité national sur les
changements climatiques. A travers ce rapport, le Bénin entend résolument
s’engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs de
production et de consommation d’énergie, de transport, de l’agriculture et de
la foresterie puis à mettre en œuvre des plans et programmes dans le domaine de
l’adaptation avec des co-bénéfices pour l’adaptation.
Adaptation et atténuation : encore la rhétorique des
projets et programmes « budgétivores » ?
Face
aux effets dévastateurs du dérèglement climatique, la nouvelle focale est
définitivement connue : adaptation et atténuation. Il s’agit bien là d’un
binôme de solutions autour duquel l’accord semble plus ou moins aujourd’hui
consensuel à l’échelle planétaire. Au Bénin, cette nouvelle rhétorique est,
depuis quelques années, reprise et ventilée dans les discours officiels et elle
s’accompagne d’une tendance à la prolifération et à la démultiplication des
projets et programmes susceptibles d’engloutir de « gros sous »
et exposés à des risques de malversation
et à la mauvaise gestion.
En l’espace de 10 ans, comme pour
satisfaire à la mode, le Gouvernement du Bénin a initié près d’une demi-dizaine
de projets et/ou programmes se voulant revendiquer d’une vision
« durable » : le Programme intégré d’adaptation pour la lutte
contre les effets néfastes des changements climatiques sur la production
agricole et la sécurité alimentaire dans quatre zones agro écologiques du Bénin
(Pana 1), le programme d’adaptation aux changements climatiques par la
promotion des énergies renouvelables et des foyers économiques performants et
autocuiseurs face à la pénurie du bois-énergie au Bénin (Pana 2), le projet
« 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres », le projet de
mobilisation des eaux de surface aux fins d’adaptation aux changements
climatiques (micro-barrages) (Pana 3), le projet de protection des femmes
enceintes et des enfants de moins de cinq ans contre les vecteurs de maladies
liées aux risques climatiques au Bénin (Pana 4), le projet de protection de la
zone côtière face à l’élévation du niveau de la mer/érosion côtière (Pana 5).
Si l’objectif de s’inscrire dans la
formulation des solutions durables peut justifier une telle vitalité dans
l’initiation accélérée des projets et programmes au plan national mais aussi
celui de se fabriquer l’image d’un pays « bon teneur de promesses »
et donc de « bon élève » aux yeux du monde, il sied, sans nul doute,
d’éviter de biaiser la démarche en s’offrant des projets qui apparemment se
chevauchent, « budgétivores » et finalement improductifs. C’est en
cela qu’émerge une catégorie d’observateurs qui estiment que « toute
solution n’est la solution ». Certes, il est accrédité des financements des
programmes nationaux mais il est aussi question de « faire attention pour ne pas financer des fausses solutions ».
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