mardi 24 novembre 2015

Bénin: COP21, Les populations, toujours les « non sachants » !

Alors que les autorités peuvent se frotter les mains en se vantant d’avoir soumis à temps un document au Secrétariat de la CCNUCC, certaines organisations de la société civile dénoncent un document élaboré selon un « procédé de vase-clos » qui n’a pas fait l’objet d’une campagne de popularisation et de vulgarisation au sein de la société. Les préparatifs de même que l’élaboration du rapport ont été l’œuvre exclusive de l’élite administrative qui s’est cantonnée, comme à son habitude, dans une démarche autoritaire classique de prise de décision en dehors de toute participation ou concertation populaire. 

Dans cet esprit, les dossiers concernant la COP 21 sont élaborés entre les quatre murs des bureaux fermés et sont jalousement dissimulés sous les manteaux des cadres de l’administration, loin des regards indiscrets. Conséquence : le commun des Béninois, même interrogé, n’a aujourd’hui qu’une vague idée de ce que représentent la COP 21 et ses enjeux. 
Dans ce processus, qui met par ailleurs à rudes épreuves leur droit d’accès à l’information environnementale notamment le droit à « recevoir l’information » tel qu’énoncé parmi les principes de l’Agenda 21 depuis la Conférence de Rio, les populations béninoises restent massivement encore les grands ignorants des débats mondiaux sur les questions environnementales et celles des changements climatiques. Cette obstruction du chemin d’accès à l’information en temps réel pourrait traduire la mise à l’écart et la place marginale qu’occupe dans le débat public, cette catégorie pourtant immédiatement concernée par ces questions. 

  Les Ongs, un cri dans le désert 

A quelques semaines du rendez-vous fatidique de Paris qu’on espère pouvoir déboucher sur un nouveau régime climatique consensuellement négocié, la société civile béninoise, très alerte, donne de la voix : « il faut que cet accord protège et renforce les droits humains et l’égalité des genres » a laissé entendre Mawussé Kodjo Hountondji, Directeur Exécutif de l’Ong « Jeunes Volontaires pour l’Environnement » et membre du Réseau Climat et Développement. Affichant une position commune sur l’obligation qui incombe aux dirigeants d’aller vers des « modèles sobres et résilients en carbone et d’investir massivement dans l’accès aux services énergétiques durables en privilégiant l’investissement dans l’agriculture familiale et agro écologique », ces deux organisations interpellent les autorités béninoises sur l’urgence d’imposer des taxes pour contrôler et contrecarrer les industries très polluantes.
Ce cri d’alarme vaudrait également pour l’ensemble des Pays les Moins Avancés (PMA) qui, à cette occasion, sont invités à brandir une position claire et concertée afin de privilégier l’option du « co-bénéfice efficacité énergétique ¨C énergie renouvelable », moins coûteuse et plus durable. En effet, les Ong estiment à près de 300 milliards de dollars les besoins en énergie électrique pour toute la population africaine alors que les subventions pour la fourniture en énergies fossiles sont de l’ordre 544 milliards de dollars. La nécessité s’impose donc de réduire ces subventions au niveau mondial pour faire des économies et les réinvestir dans des centrales durables.

A l’heure actuelle, cette dynamique d’ensemble qui aurait l’avantage de privilégier une piste unique collégialement soutenue et défendue par les pays les plus vulnérables, semble être jetée aux orties par les autorités africaines. Coutumière des négociations en « rangs dispersés », l’Afrique, déjà tiraillée par les multiples pressions des grandes puissances, semble avoir déjà perdu la bataille avant la guerre. Le dépôt par le Bénin en « cavalier seul » de son rapport-pays sonne en effet comme un acte de consécration de la démarche individuelle habituelle des Etats et laisse ainsi transparaître à l’avance les signaux d’un cloisonnement inévitable des débats dans le rang des africains. Tout porte à croire que les Etats africains partent à cette grand-messe sans armes et sans arguments véritables. Loin des discours officiels teintés d’angélisme et d’idéalisme, l’enjeu ne semble pas d’avance à leur portée. Et le cri des sirènes claironnantes de la société civile doit encore traverser un long désert !    

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