Alors
que les autorités peuvent se frotter les mains en se vantant d’avoir soumis à
temps un document au Secrétariat de la CCNUCC, certaines organisations de la
société civile dénoncent un document élaboré selon un « procédé de vase-clos » qui n’a pas fait l’objet d’une
campagne de popularisation et de vulgarisation au sein de la société. Les
préparatifs de même que l’élaboration du rapport ont été l’œuvre exclusive de
l’élite administrative qui s’est cantonnée, comme à son habitude, dans une
démarche autoritaire classique de prise de décision en dehors de toute
participation ou concertation populaire.
Dans cet esprit, les dossiers
concernant la COP 21 sont élaborés entre les quatre murs des bureaux fermés et
sont jalousement dissimulés sous les manteaux des cadres de l’administration,
loin des regards indiscrets. Conséquence : le commun des Béninois, même
interrogé, n’a aujourd’hui qu’une vague idée de ce que représentent la COP 21
et ses enjeux.
Dans
ce processus, qui met par ailleurs à rudes épreuves leur droit d’accès à
l’information environnementale notamment le droit à « recevoir
l’information » tel qu’énoncé parmi les principes de l’Agenda 21 depuis la
Conférence de Rio, les populations béninoises
restent massivement encore les grands ignorants des débats mondiaux sur les
questions environnementales et celles des changements climatiques. Cette obstruction
du chemin d’accès à l’information en temps réel pourrait traduire la mise à
l’écart et la place marginale qu’occupe dans le débat public, cette catégorie
pourtant immédiatement concernée par ces questions.
Les
Ongs, un cri dans le désert
A
quelques semaines du rendez-vous fatidique de Paris qu’on espère pouvoir
déboucher sur un nouveau régime climatique consensuellement négocié, la société
civile béninoise, très alerte, donne de la voix : « il faut que cet accord protège et renforce
les droits humains et l’égalité des genres » a laissé entendre Mawussé
Kodjo Hountondji, Directeur Exécutif de l’Ong « Jeunes Volontaires pour
l’Environnement » et membre du Réseau Climat et Développement. Affichant
une position commune sur l’obligation qui incombe aux dirigeants d’aller vers
des « modèles sobres et résilients
en carbone et d’investir massivement dans l’accès aux services énergétiques
durables en privilégiant l’investissement dans l’agriculture familiale et agro
écologique », ces deux organisations interpellent les autorités béninoises
sur l’urgence d’imposer des taxes pour contrôler et contrecarrer les industries
très polluantes.
Ce
cri d’alarme vaudrait également pour l’ensemble des Pays les Moins Avancés
(PMA) qui, à cette occasion, sont invités à brandir une position claire et
concertée afin de privilégier l’option du « co-bénéfice efficacité énergétique ¨C énergie renouvelable »,
moins coûteuse et plus durable. En effet, les Ong estiment à près de 300
milliards de dollars les besoins en énergie électrique pour toute la population
africaine alors que les subventions pour la fourniture en énergies fossiles
sont de l’ordre 544 milliards de dollars. La nécessité s’impose donc de réduire
ces subventions au niveau mondial pour faire des économies et les réinvestir
dans des centrales durables.
A
l’heure actuelle, cette dynamique d’ensemble qui aurait l’avantage de
privilégier une piste unique collégialement soutenue et défendue par les pays
les plus vulnérables, semble être jetée aux orties par les autorités
africaines. Coutumière des négociations en « rangs dispersés »,
l’Afrique, déjà tiraillée par les multiples pressions des grandes puissances,
semble avoir déjà perdu la bataille avant la guerre. Le dépôt par le Bénin en
« cavalier seul » de son rapport-pays sonne en effet comme un acte de
consécration de la démarche individuelle habituelle des Etats et laisse ainsi
transparaître à l’avance les signaux d’un cloisonnement inévitable des débats
dans le rang des africains. Tout porte à croire que les Etats africains partent
à cette grand-messe sans armes et sans arguments véritables. Loin des discours
officiels teintés d’angélisme et d’idéalisme, l’enjeu ne semble pas d’avance à
leur portée. Et le cri des sirènes claironnantes de la société civile doit encore
traverser un long désert !
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