Lagos, Nairobi, Dakar, le Caire… Un monde des villes en
gestation. Aujourd’hui, 54% de la population mondiale vit dans les centres
urbains en Afrique comme ailleurs. Ce constat invite ainsi à l’urgence de
nouvelles grilles de lectures urbaines.
Egalement, à un nouveau questionnement sur l’utilité climatique dans les
projets d’aménagement et de construction.
Au Sénégal, si Dakar se sent un peu mieux, la plupart des villes et
régions sont dans une totale déshérence économique, faute de projets adaptés.
A
l’intérieur, 55 ans après les indépendances, ils ne subsistent que des formes
anciennes de la vie urbaine. Difficile de trouver alors, dans ce puzzle, un
modèle vert voire durable de lutte contre les tares et excès. Dans une région
sans reflet comme Diourbel, l’aménagement de l’autoroute entre Touba et Thiès
annoncé par l’Etat, n’arrangera pas les choses en termes de développement
durable. Simple projection politicienne. Dans ce panorama peu reluisant, les
difficiles finitions des travaux de l’autoroute à péage entre Dakar et
Diamniadio ouvrent certes de vastes perspectives. Mais, saura-t-on en
saisir tous les enjeux au plan territorial ? Entre espoirs et déceptions,
le mythe de l’an 2000 semble voir vécu tout le continent.
2015. On l’attendait. Elle se terminera par le sommet climat de
Paris. Et la suite alors ? Pour
corriger des anomalies, réduire des écarts et cultiver pour le grand nombre, le
mieux être dans un monde en contradiction permanente, est une quête bien
au-delà des capacités sénégalaises. Hélas, comme souvent, c’est une autre
échéance différée sur les chemins du développement, se diront les plus
pessimistes. Face aux défis et contraintes qui se multiplient, la capitale se
bat désormais pour rester une ville.
Alors qu’à l’intérieur, dans le lointain territoire sénégalais,
Kaolack, Ziguinchor, Tambacounda, Linguère, Matam restent encore des cités
perdues dans la saleté, l’eau, la chaleur, le sable, la mer et encore…
Une très grande pauvreté. Un sous équipement qu’il n’est nul besoin de décrire.
Avec autant de « plaies »
qui n’ont pas comme seul dénominateur : la saleté et les ordures. S’y
ajoutent des eaux usées qui ne trouvent pas d’issues. Des inondations qui
menacent d’emporter ce qui reste des cités.
Choses auxquelles se greffent des plans d’urbanisme improvisés et
orientés dans une configuration qui n’arrange que les maires et présidents de
conseil rural.
Où va le Sénégal dans ces conditions, quand, au lieu de s’améliorer,
la situation ne cesse de « s’aggraver » partout. Les maux sont tous
les mêmes cet autre point aussi : anarchie et manque de perspectives.
Chômage chronique et débrouille chez les populations. A Kaolack, le manque
d’assainissement a fini par étouffer la cité. A Fatick, tout près, la
ville-région ne réunit aucun des critères de modernité. Au-delà de la
démographie qui a augmenté malgré l’exode lié au sous-équipement et au manque
d’activité, rien n’a bougé. Il faut aller au sud vers Toubacouta pour voir les
premiers équipements touristiques dignes de nom.
Quid de Diourbel, pas loin de ce décor ? A une soixantaine de
kilomètres de Kaolack, Diourbel autre cœur du bassin arachidier, n’a pas un
avenir plus reluisant. Capitale d’une région aux grandes ambitions à l’époque
de Senghor, Diourbel est victime du « succès » de Touba. Cité
religieuse, centre de toutes les convergences de façade ; mélange de
toutes les formes d’anarchie au plan urbanistique parce que peu préparée à un
urbanisme de développement, Touba est une ville qui va dans tous les sens. Tout
le contraire d’une cité durable à présenter dans un débat sur la ville verte encore
moins dans un sommet planétaire sur le climat. A quoi ressemble d’ailleurs ce
qu’on qualifie de ville, en dehors de la mosquée toujours rénovée au détriment
d’une ville qui reste encore par ses pans annexes, le village le plus grand du
Sénégal. Alors, quand on parle d’y ériger une autoroute, l’on se demande, au vu
de toutes les formes de trafics qui s’y développent, à quoi devrait-elle servir
sinon permettre aux politiciens d’aller s’inféoder à certains lobbies
maraboutiques « pour exister ». Bientôt, Tivaouane ira aussi réclamer
son autoroute.
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