lundi 23 novembre 2015

Des modèles d’urbanisme aux antipodes: Des villes plus intelligentes, est-ce possible en Afrique ?

Lagos, Nairobi, Dakar, le Caire… Un monde des villes en gestation. Aujourd’hui, 54% de la population mondiale vit dans les centres urbains en Afrique comme ailleurs. Ce constat invite ainsi à l’urgence de nouvelles grilles de lectures urbaines.  Egalement, à un nouveau questionnement sur l’utilité climatique dans les projets d’aménagement et de construction.
Au Sénégal, si Dakar se sent un peu mieux, la plupart des villes et régions sont dans une totale déshérence économique, faute de projets adaptés.


 A l’intérieur, 55 ans après les indépendances, ils ne subsistent que des formes anciennes de la vie urbaine. Difficile de trouver alors, dans ce puzzle, un modèle vert voire durable de lutte contre les tares et excès. Dans une région sans reflet comme Diourbel, l’aménagement de l’autoroute entre Touba et Thiès annoncé par l’Etat, n’arrangera pas les choses en termes de développement durable. Simple projection politicienne. Dans ce panorama peu reluisant, les difficiles finitions des travaux de l’autoroute à péage entre Dakar et Diamniadio ouvrent certes de vastes perspectives. Mais, saura-t-on en saisir tous les enjeux au plan territorial ? Entre espoirs et déceptions, le mythe de l’an 2000 semble voir vécu tout le continent.
2015. On l’attendait. Elle se terminera par le sommet climat de Paris. Et la suite alors ?  Pour corriger des anomalies, réduire des écarts et cultiver pour le grand nombre, le mieux être dans un monde en contradiction permanente, est une quête bien au-delà des capacités sénégalaises. Hélas, comme souvent, c’est une autre échéance différée sur les chemins du développement, se diront les plus pessimistes. Face aux défis et contraintes qui se multiplient, la capitale se bat désormais pour rester une ville.
Alors qu’à l’intérieur, dans le lointain territoire sénégalais, Kaolack, Ziguinchor, Tambacounda, Linguère, Matam restent encore des cités perdues dans la saleté,  l’eau, la chaleur, le sable, la mer et encore… Une très grande pauvreté. Un sous équipement qu’il n’est nul besoin de décrire. Avec autant de « plaies » qui n’ont pas comme seul dénominateur : la saleté et les ordures. S’y ajoutent des eaux usées qui ne trouvent pas d’issues. Des inondations qui menacent d’emporter ce qui reste des cités.  Choses auxquelles se greffent des plans d’urbanisme improvisés et orientés dans une configuration qui n’arrange que les maires et présidents de conseil rural.  
Où va le Sénégal dans ces conditions, quand, au lieu de s’améliorer, la situation ne cesse de « s’aggraver » partout. Les maux sont tous les mêmes cet autre point aussi : anarchie et manque de perspectives. Chômage chronique et débrouille chez les populations. A Kaolack, le manque d’assainissement a fini par étouffer la cité. A Fatick, tout près, la ville-région ne réunit aucun des critères de modernité. Au-delà de la démographie qui a augmenté malgré l’exode lié au sous-équipement et au manque d’activité, rien n’a bougé. Il faut aller au sud vers Toubacouta pour voir les premiers équipements touristiques dignes de nom.

Quid de Diourbel, pas loin de ce décor ? A une soixantaine de kilomètres de Kaolack, Diourbel autre cœur du bassin arachidier, n’a pas un avenir plus reluisant. Capitale d’une région aux grandes ambitions à l’époque de Senghor, Diourbel est victime du « succès » de Touba. Cité religieuse, centre de toutes les convergences de façade ; mélange de toutes les formes d’anarchie au plan urbanistique parce que peu préparée à un urbanisme de développement, Touba est une ville qui va dans tous les sens. Tout le contraire d’une cité durable à présenter dans un débat sur la ville verte encore moins dans un sommet planétaire sur le climat. A quoi ressemble d’ailleurs ce qu’on qualifie de ville, en dehors de la mosquée toujours rénovée au détriment d’une ville qui reste encore par ses pans annexes, le village le plus grand du Sénégal. Alors, quand on parle d’y ériger une autoroute, l’on se demande, au vu de toutes les formes de trafics qui s’y développent, à quoi devrait-elle servir sinon permettre aux politiciens d’aller s’inféoder à certains lobbies maraboutiques « pour exister ». Bientôt, Tivaouane ira aussi réclamer son autoroute. 

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