jeudi 19 novembre 2015

La Mauritanie en guerre contre les gaz à effet de serre

La Mauritanie aura besoin de 17 milliards de dollars us pour lutter et réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre.
Cette information contenue dans le nouveau plan d’action climat du pays, a été distillée par la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), le 24 septembre dernier à Bonn (Allemagne).

La Mauritanie est le 67é pays à entreprendre une telle démarche dans la perspective d’une présentation au cours de la prochaine réunion de Paris sur le climat (COP21), prévue du 30 novembre au 11 décembre 2015.
Côté chances de financement, ce plan semble « peu réaliste » d’autant plus que sur le plan technique, le document « se donne des objectifs, sans indiquer clairement les moyens permettant d’y arriver. Certes les plans de réduction de gaz à effet de serre de nos états doivent être ambitieux, mais rester également réalistes » souligne un observateur averti des questions climatiques.
« Les émissions de GES de la Mauritanie par rapport aux émissions globales sont , estiment les spécialistes, de l’ordre de 0,00015%, et c’est là la contradiction, la Mauritanie compte « poursuivre son développement pour rendre son économie et ses populations résilientes aux impacts du changement climatique. » Et malgré cela, la Mauritanie s’engage à participer pleinement à l’effort de la communauté internationale pour réduire ses émissions de GES de 22,3% en 2030. Donc d’un côté, on ne compte pas remettre en cause notre politique de développement et d’autre part on s’engage à réduire les émissions ».
Animée par l’ambition universelle d’un accord international sur le climat applicable à tous les pays, avec l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en dessous de 2 degrés, la COP 21 de Paris prend ainsi une dimension « cruciale » selon l’avis unanime des spécialistes de la question.
La Mauritanie appartient à la zone du Sahel Africain la plus touchée par les sécheresses récurrentes depuis 1968. La désertification qui en a résulté est d’autant plus forte que l’effet du climat, conjuguée à l’action de l’homme, a entraîné des conséquences directes sur un milieu déjà très précaire, à savoir la dégradation des conditions socio-économiques générales du pays et de l’environnement physique.
Forte exposition socio-économique et écologique
La vulnérabilité du pays au changement climatique touche par conséquent l’ensemble des secteurs vitaux de l’économie nationale. En réponse aux catastrophes récurrentes qui résultent de cette situation, le Gouvernement de la Mauritanie consacre régulièrement une partie de son budget aux programmes spéciaux pour venir en aide aux populations vulnérables victimes des sécheresses. C’est le cas du programme Emel (Espoir), en cours d’exécution, pour une enveloppe financière initiale de 42 Milliards MRO en 2012 et un financement revolving de 12 Milliards MRO par an, soit environ un financement cumulé de 78 Milliards MRO pour la période 2012 – 2015, environ 300 Millions de dollars US. Ce programme d’urgences vient juste après le programme d’urgences Solidarité de 2011, qui a coûté neuf Milliards MRO, soit environ 35 Millions de dollars US. La ‘’Contribution Prévue Déterminée au niveau National’’ de la Mauritanie s’appuie sur les programmes de développement sectoriels et sur le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Ceux-ci ont pour objectif global la contribution au développement durable, sobre en carbone et résilient aux impacts du changement climatique.
Au vu de ce qui précède, la présente contribution reflète donc à la fois la volonté politique du pays à participer à la réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre (GES) et à répondre aux besoins du pays en matière d’adaptation, dans la mesure de ses moyens et capacités.
Toutefois, la Mauritanie, devrait connaitre une forte exposition socio-économique et écologique aux impacts du changement climatiqueSur la même lancée,Moussa Samba Sy, journaliste et spécialiste des questions environnementales, déplore : « des forêts protégées sont continuellement déclassées en Mauritanie pour servir à l’agriculture irriguée, l’exploitation des rares ressources ligneuses continuent de plus belle, les ceinture vertes sont coupées et transformées en nouveaux quartiers résidentiels, des industries polluantes sont toujours implantées sans aucun respect des normes, et même la mesure d’interdiction des véhicules de plus de 8 ans (seule mesure concrète de l’INDC mauritanien) elle semble contreproductive car les mauritaniens conservent désormais leur vielle automobile sans doute beaucoup plus polluante que celle qui auraient été importées même âgées de plus des huit ans ».
Mamadou THIAM

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