mardi 10 novembre 2015

COP21: L’Afrique francophone doit assurer ses arrières !

La France ne va pas seulement accueillir la COP 21, elle va aussi la présider comme il est d’usage dans les négociations internationales. Le gouvernement français tient par conséquent à ce que la conférence soit un succès diplomatique total et il fera tout pour que cela soit possible, François Hollande ayant fait de la COP 21, un enjeu majeur de son quinquennat. 



La machine diplomatique est mobilisée pour faire de Paris le lieu de signature du premier accord universel sur le climat et le point de départ du ‘’nouvel ordre climatique mondial. ‘’ Il faut sortir de Paris avec un traité car, plus tard, ce sera trop tard’’, a indiqué Laurent Fabius, Ministre français des affaires étrangères.
Les français ont pesé de tout leur poids pour l’adoption par l’Union européenne du ‘’ Paquet-énergie-climat’’ pour 2030. Celui-ci est articulé autour de la réduction des émissions européennes d’au moins 40 % par rapport au niveau de 1990, de l’augmentation de la part des énergies renouvelables à 27 % du mix-énergétique de chaque état membre et de la réduction des consommations énergétiques au sein de l’Union. La Pologne qui tire 90 % de son électricité du charbon, ainsi que la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie ont obtenu, avec l’appui de la France, l’engagement de l’Union européenne à soutenir leur transition énergétique.
S’agissant de l’Afrique, notamment l’Afrique francophone on a assisté à un intense ballet diplomatique. Dans la ‘’lutte d’influence’’ qui l’oppose à Laurent Fabius, pour le contrôle des négociations, Ségolène Royal a visité plusieurs pays africains (Afrique du Sud, Ghana, Gabon, etc.). A sa suite, Annick Girardin, Secrétaire d’Etat au développement et à la Francophonie a également visité plusieurs pays du ’’ pré-carré’’. Raison invoquée : éviter que les pays africains ne se sentent marginalisés, comme cela avait été le cas à Copenhague. La vérité est que la diplomatie française prépare les pays du ‘’pré carré’’. Elle les prépare à signer l’accord qui sortira de la Conférence et tout porte à croire que tous ces pays signeront tous, y compris, hélas, si celui-ci ne répondait pas à leurs attentes.
Ce qui rend l’hypothèse plausible, c’est que ce scénario s’est déjà produit et à Paris. C’était lors du dernier round des négociations de la Convention sur la désertification. Des désaccords profonds subsistaient sur la question du financement des plans d’action de lutte contre la désertification. Les pays en voie de développement, africains notamment voulaient que les pays industrialisés prennent des engagements pour le financement de ces actions, alors que ces derniers ne voulaient pas contracter de nouvelles obligations financières. Les organisations de la société civile et des délégations de pays touchés étaient déterminées à empêcher l’adoption de la convention sans modification des dispositions relatives au financement. Mais, tard dans la soirée du 17 juin 1994, dernier jour des négociations, plusieurs délégations reçurent de leurs gouvernements respectifs des instructions pour signer la convention et accepter le principe de l’ouverture d’un nouveau cycle de négociations sur le mécanisme de financement, après la session de Paris.
L’expression ‘’ pays du champ ‘’ est de moins en moins utilisée aujourd’hui, peut-être parce qu’elle est passée de mode, mais la réalité qu’elle couvre reste toujours d’actualité. Le groupe africain est un bon rempart pour défendre les intérêts des pays africains lors des négociations internationales. Mais comme la diplomatie française choisit par stratégie de s’adresser aux pays individuellement, les pays africains francophones gagneraient à cultiver entre-eux, un leadership collectif qui leur permettrait de mieux exister.
L’étape de Paris se situe dans une phase charnière dans le cycle des négociations climat car elle doit déboucher sur un accord universel sans précédent permettant de maintenir le réchauffement global en deca de 2° Celsius d’ici 2030. Seulement, les symptômes que l’on observe aujourd’hui à la veille de la conférence de Paris, sont les mêmes que l’on avait observés à la veille de la Conférence de Copenhague et qui avaient été à l’origine de son échec. Sous ce rapport, la conférence de Paris dégage un air de déjà-vu.

Masse LO, Environnementaliste

Novembre 2015

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