La France ne va pas seulement
accueillir la COP 21, elle va aussi la présider comme il est d’usage dans les négociations
internationales. Le gouvernement français tient par conséquent à ce que la
conférence soit un succès diplomatique total et il fera tout pour que cela soit
possible, François Hollande ayant fait de la COP 21, un enjeu majeur de son
quinquennat.
La machine diplomatique est mobilisée pour faire de Paris le lieu
de signature du premier accord universel sur le climat et le point de départ du
‘’nouvel ordre climatique mondial. ‘’ Il faut sortir de Paris avec un traité
car, plus tard, ce sera trop tard’’, a indiqué Laurent Fabius, Ministre
français des affaires étrangères.
Les français ont pesé de tout
leur poids pour l’adoption par l’Union européenne du ‘’ Paquet-énergie-climat’’
pour 2030. Celui-ci est articulé autour de la réduction des émissions
européennes d’au moins 40 % par rapport au niveau de 1990, de l’augmentation de
la part des énergies renouvelables à 27 % du mix-énergétique de chaque état
membre et de la réduction des consommations énergétiques au sein de l’Union. La
Pologne qui tire 90 % de son électricité du charbon, ainsi que la Hongrie, la
Roumanie, la Bulgarie ont obtenu, avec l’appui de la France, l’engagement de
l’Union européenne à soutenir leur transition énergétique.
S’agissant de l’Afrique,
notamment l’Afrique francophone on a assisté à un intense ballet diplomatique.
Dans la ‘’lutte d’influence’’ qui l’oppose à Laurent Fabius, pour le contrôle
des négociations, Ségolène Royal a visité plusieurs pays africains (Afrique du
Sud, Ghana, Gabon, etc.). A sa suite, Annick Girardin, Secrétaire d’Etat au
développement et à la Francophonie a également visité plusieurs pays du ’’
pré-carré’’. Raison invoquée : éviter que les pays africains ne se sentent
marginalisés, comme cela avait été le cas à Copenhague. La vérité est que la
diplomatie française prépare les pays du ‘’pré carré’’. Elle les prépare à
signer l’accord qui sortira de la Conférence et tout porte à croire que tous
ces pays signeront tous, y compris, hélas, si celui-ci ne répondait pas à leurs
attentes.
Ce qui rend l’hypothèse
plausible, c’est que ce scénario s’est déjà produit et à Paris. C’était lors du
dernier round des négociations de la Convention sur la désertification. Des
désaccords profonds subsistaient sur la question du financement des plans
d’action de lutte contre la désertification. Les pays en voie de développement,
africains notamment voulaient que les pays industrialisés prennent des
engagements pour le financement de ces actions, alors que ces derniers ne
voulaient pas contracter de nouvelles obligations financières. Les
organisations de la société civile et des délégations de pays touchés étaient
déterminées à empêcher l’adoption de la convention sans modification des dispositions
relatives au financement. Mais, tard dans la soirée du 17 juin 1994, dernier
jour des négociations, plusieurs délégations reçurent de leurs gouvernements
respectifs des instructions pour signer la convention et accepter le principe
de l’ouverture d’un nouveau cycle de négociations sur le mécanisme de
financement, après la session de Paris.
L’expression ‘’ pays du champ
‘’ est de moins en moins utilisée aujourd’hui, peut-être parce qu’elle est
passée de mode, mais la réalité qu’elle couvre reste toujours d’actualité. Le
groupe africain est un bon rempart pour défendre les intérêts des pays
africains lors des négociations internationales. Mais comme la diplomatie
française choisit par stratégie de s’adresser aux pays individuellement, les pays
africains francophones gagneraient à cultiver entre-eux, un leadership
collectif qui leur permettrait de mieux exister.
L’étape de Paris se situe dans
une phase charnière dans le cycle des négociations climat car elle doit
déboucher sur un accord universel sans précédent permettant de maintenir le
réchauffement global en deca de 2° Celsius d’ici 2030. Seulement, les symptômes
que l’on observe aujourd’hui à la veille de la conférence de Paris, sont les
mêmes que l’on avait observés à la veille de la Conférence de Copenhague et qui
avaient été à l’origine de son échec. Sous ce rapport, la conférence de Paris
dégage un air de déjà-vu.
Masse LO, Environnementaliste
Novembre 2015
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